Eddy Mitchell

De Claude Moine à Mister Eddy

Cet autodidacte, fils d'un salarié de la Société des transports parisiens et d'une employée de banque, commença sa carrière de rockeurs avec son groupe Les Chaussettes Noires sous le pseudonyme d'Eddy Mitchell, parce que " pour faire du rock'n'roll, il faut faire américain ". Avant le rockeur, il y eut un gosse heureux qui grandit dans une famille modeste installée dans le quartier populaire de Belleville, au nord-est de Paris. Il avait un bon coup de crayon et se voyait devenir dessinateur de bande dessinée. Mais faute d'argent, il n'entre pas aux Beaux-Arts, et quitte même l'école à 13 ans, en 1955, pour entrer au Crédit Lyonnais où travaille sa mère. Cette année-là sort le film américain Graine de violence. La chanson de son générique, Rock around the clock de Bill Haley, marque la naissance du Rock'n'roll, cette musique de rébellion.

Devant ce film que Robert, son père cinéphile, l'a emmené voir, le petit Claude prend "une claque". Dans la foulée, il commence à se produire dans les bals de fin de semaine. " "Je n'étais même pas chanteur, racontera-t-il. J'étais un môme de 15 ans qui amusait les dames au dancing. Je me produisai au Tahiti et sa piste flottante. J'étais un peu l'attraction parce que j'étais jeune. A 15 ans, ce n'était pas sérieux, mais ça me plaisait bien.

Le Concert que donne Bill Haley mi-octobre 1958 à l'Olympia électrise Claude. Tout comme les premiers disques de Gene Vincent (Be-Bop-a-Lula) incarnation sensuelle et frénétique du rock'n'roll, qu'il vénère. Al'époque il rencontre Johnny Hallyday dans une surprise partie, prélude à une amitié de soixante ans: Il avait les mêmes goûts que moi: Gene Vincent, Bill Haley, Chuck Berry; Lui et moi on était faits pour s'entendre." Fin 2021, sur Country Rock son 39e album, Eddy a rendu un hommage à son ami avec la très belle chanson Un petit peu d'amour.

L'année 1960 s'avère décisive. Le succès de Johnny pousse Eddy à démarcher les maisons de disques, en commençant par Barclay, la première à apparaître dans le bottin... Bingo ! A l'issue du rendez-vous, le fondateur, un autre Eddy (!) sig les Five Rocks de Mitchell, qu'il va rebaptiser sans lui en parler Les Chaussettes Noires, après avoir signé un partenariat avec les chaussettes Stemm ! Et janvier 1961 sort le premier disque du groupe, avec notamment Tu parles trop et une reprise de Be-Bop-a-Lula. Dans la décennie qui commence, la vie d'Eddy, pas encore 20 ans, va avoir des allures de course de vitesse. Le 17 juin 1961 sort le premier disque du groupe, avec notamment tu parles de trop et une reprise de BeBop-a-Lula.Dans la décennie qui commence, la vie d'Eddy pas encore 2 0 ans, va avoir des allures de course à vitesse. Le 17 juin 1961, il épouse Françoise Lavit qui lui donnera deux enfants, Eddy, en 1962 et Maryline en 1965; le 18, Les chaussettes noires chantent en vedette au Festival international de rock à Paris ; à partir de janvier 1962, il effectue son service militaire, durant lequel il enregistre avec son groupe et en solo ; en 1963, il sort ses deux premiers album en tant qu'Eddy Mitchell et quitte le groupe en décembre ; il change de look, troc le cuir pour le costard ; il cartonne avec Toujours un coin qui me rappelle et trône devant l'objectif de Jean Marie Périer en 1966 pour " la photo du siècle ", avec toute la génération yé-yé et rock' n' roll.

De ces sommets, ou sa popularité le place aux côtés de Johnny et Cloclo, Eddy va peu à peu glisser dans l'ombre. La faute à ses choix musicaux déroutants. Sa traversée du désert prend fin avec son retour aux fondamentaux rocks dans l'album Rocking à Nashville, enregistré sur place (1974). Le succès se confirme avec Sur la route de Memphis (1976) et La dernière séance (1977). Et à partir du début des années 1980, Eddy, désormais quadra et remarié à Muriel Bailleul, avec qui il a eu une seconde fille, Pamela, passe en mode crooner, avec succès : Couleur menthe à l'eau (1980), Le cimetière des éléphants (1982), ect.

C'est aussi l'époque ou il vit à fond sa passion du cinéma, comme acteur inoubliable Nono dans Coup de torchon) et comme animateur de la Dernière séance. Auteur, comédien ( César du meilleur second rôle dans Le bonheur est dans le pré en 1995),présentateur, Eddy Mitchell est aussi et surtout une bête de scène.

En public, l'ours râleur se fait blagueur, charmeur, rockeur. Un talent qui trouve son acmé en 1993-1994, avec un tour de chant dans différentes salles parisiennes conclu par un concert de cinq heures à Bercy ! Touche à tout sans en avoir l'air, Monsieur Eddy n'a plus jamais disparu de la circulation. " Je n'ai rien à me reprocher, car j'ai toujours chanté avec sincérité " explique-t-il. Sans jamais perdre sa lucidité: " Quand une chanson cartonne, on essaie de refaire un peu la même la fois suivante. Et on se plante " Un succès est aussi difficile à assumer qu'un échec. On n'est jamais à l'abri d'un succès!" Voilà soixante ans que Claude Moine, 80 ans et toutes ses griffes, confirme ce drôle d'adage...

Sa dernière tournée le 5 septembre 2011.