Patrick Roy

     Le 18 février 1993, dans son JT de 13 heures, Jean -Pierre Pernaut annonce la terrible nouvelle: Patrick Roy est décédé pendant la nuit. Le soir même, Patrick Poivre d'Arvor lui consacre tout son 20 heures. Une Edition spéciale suivie par 18 millions de téléspectateurs, abasourdis ! L'été précédent la star de TF1 passait quelques jours de vacances idylliques en Corse, avec sa future seconde épouse, Karine. Son ascension à la télévision n'allait pas s'arrêter en si bon chemin. Mais la vie en a décidé autrement. Des douleurs intenses au dos se sont réveillées. La terrible maladie, un cancer des os, qui le rongeait prenait le dessus. Celui que la presse surnommait " l'enfant chéri de la France ", l'ange de la télévision "ou encore " le bien-aimé de la télé " s'apprêtait à fêter son quarante et unième anniversaire.

   Né le 17 avril 1952, à Niort, Patrick est le fils unique de Pierre et Colette Boyard. Ils sont tous les deux , professeurs de sport. Celui qu'ils imaginent devenir champion, est très tôt attiré par le monde du spectacle et la musique. Le petit Patrick passe son temps à écouter des disques et rêve d'enregistrer son propre 45 tours. Dans les années 1960, au sortir de l'adolescence, il joue même de la batterie dans un groupe de rock, Les Bataclan 13, que l'appel sous les drapeaux fait exploser en plein vol. L'autre passion de Patrick, c'est la télévision. Depuis sa plus tendre enfance, il imite ceux qu'il voit à l'écran devant un public déjà conquis. Après son service militaire, Patrick part tenter sa chance dans la ville Lumière. Il s'inscrit dans une école d'attachés de presse, l'EFAP, dont il sort diplômé, en 1976. Il commence au bas de l'échelle, comme chauffeur de Sheila, puis décroche un poste de standardiste sur RTL. Cest la radio qui lui donne sa chance, sur RMC, il remplace Julien Lepers à l'animation du Hit-parade. Beau garçon, à l'aise, ce jeune chien fou à la crinière soyeuse, intéressé de tout, attire la curiosité des vedettes de l'antenne, dont Jean-Pierre Foucault. Sur les conseils de la station, il troque son nom. Boyard devient Roy, clin d'oeil à son arrivée dans les studios au moment de la galette des rois.. L'avenir lui tend les bras.

   De 1977 à 1992, il anime de nombreuses émissions sur Radio Monte Carlo, dont Destination bonheur et Bienvenue à bord. Parallèlement, il fait aussi des apparitions sur le petit écran, notamment aux côtés de Guy Lux, sur France 3. Ecerise sur le gâteau, Patrick réalise son rêve de gamin en sortant un disque, J' tout ça,en 1985. Sur la pochette, le beau gosse dans sa chemise à fleurs offre un sourire charmeur. Sur la platine, le morceau prend des accents des premiers Bruel...

   A la fin des années 1980, la télévision ouvre enfin grandes ses portes à cet animateur pétri de talent. En 1987, Patrick Roy rejoint l'écurie TF1. Le poulain commence par des remplacements, avant de prendre les commandes de l'affaire est dans le sac. Son charme ravageur, qui lui vaut des lettres enflammées de téléspectatrices, son humour, et son rire communicatif, lui permettent de conquérir rapidement le coeur du public. Grâce au juste prix, en 1988, puis à une famille en or deux ans après, deux jeux qui font les belles heures de TF1, il s'impose comme l'une des stars du PAF.

   Une émission de variétés en prime-time, co-présentée avec ses complices Christian Morin et Philippe Risoli. Le trio se met en scène dans des mini-skechs, dans ce show à l'américaine qui cartonne un samedi par mois. Patrick s'impose comme un poids lourd de l'animation. Il n'aura pas le temps de divertir plus encore les téléspectateurs. En juillet 1992, connaissant le funeste diagnostic du mal qui le dévore, il donne le change et déclare souffrir d'une inflammation. Ironie du sort, Patrick Roy avait publié quelques mois plus tôt, chez Michel Lafon, un livre intitulé La santé en question; soyez votre premier médecin, coécrit avec le docteur Hervé Boissin. En octobre, il est hospitalisé. Philippe Risoli le remplace au juste prix, Bernard Montiel prend les rênes d'une famille en or.

 Comme il a eu le temps de mettre plusieurs émissions en boîte, les téléspectateurs ne réalisent que tardivement la gravité de son état .

   Patrick, lui, ne veut pas voir l'issue fatale imminente. Lors du réveillon de Noël, au téléphone, il demande même à Jean-Pierre Foucault, devenu un ami fidèle, s'il pense que son contrat sera reconduit sur TF1. Il luttera encore deux mois avant de s'éteindre. Le 20 février, la petite église de saint Benoît, dans la Vienne, où résident ses parents, est pleine à craquer. Anonymes, collègues et proches lui rendent un ultime et vibrant hommage. Dans les semaines qui suivent, des bus entiers d'admirateurs viennent pleurer sur sa tombe. Vingt ans après, sa maman continuait de recevoir des marques d'affection du public, comme elle le racontait à France Dimanche en février 2013: " Aussi incroyable que cela puisse paraître, il m'arrive encore de recevoir du courrier ou même des cadeaux. Je ne remercierai jamais assez toutes ces personnes pour leur précieux soutien. "  Celui pour qui l'expression de " gendre idéal " semble avoir été invnetée, a laissé une trace indélébile dans le coeur de millions de téléspectateurs.